Tierra Whack – Critique de « World Wide Whack » : elle l'a encore fracassé

Il y a une scène dans Zéro, le pseudo-documentaire captivant sur Tierra Whack, dans lequel la rappeuse de Philadelphie fait le plein de jeux de société et de jouets (Jenga est dedans, prouvant son goût impeccable) au supermarché. Elle achète également du slime, ce qui témoigne de la nature glissante d'un film qui commence comme un simple documentaire avant de se transformer en une méta-horreur fabuleusement étrange.

Si le film représentait une sorte de puzzle : qu’est-ce qui est réel et qu’est-ce qui est faux ? – son premier album, « Whack World » de 2018, en représentait un autre. Le disque se composait de 15 chansons, chacune d’une durée d’une minute et emballées sous vide avec des mélodies collantes et des flow magistraux. Son suivi, « World Wide Whack », est un album plus conventionnel qu'elle a présenté, avec un côté ludique typique, comme son premier album. Ici, la jeune femme de 28 ans atténue légèrement ses influences les plus extravagantes, qui vont de Missy Elliott à Eminem, et accentue l'approche plus franche adoptée par son idole ultime, Lauryn Hill.

Ce dernier mode est pleinement réalisé sur « 27 Club », un morceau d'une émotion douloureuse sur les sombres pensées qui émergent. « quand le monde semble être contre vous ». Il s'agit d'une berceuse avec laquelle Whack navigue dans les recoins les plus sombres de son psychisme, chantonnant ses pensées sur « suicide » contre un paysage sonore suffisamment réconfortant de touches tintantes et de basses pulsées.

« Difficult » explore une tourmente similaire alors que, accompagnée d'une guitare si sourde qu'on peut entendre les doigts sur le manche, elle avoue que « Vivre est difficile ». Sur le jazzy « Burning Brains », elle semble quant à elle critiquer son propre mécontentement : «Soupe trop chaude / Glace trop froide / Herbe trop verte / Ciel trop bleu.

Pourtant, Whack sape également la sincérité de ce morceau avec une voix artificiellement tronquée qui chante des bêtises en bouche. C'est le point de rencontre d'un album qui regorge d'un sens de l'humour Whackien : voir le premier single fantaisiste « Shower », qui n'aurait pas sonné déplacé sous une forme tronquée sur « Whack World », et le jam au xylophone « Chanel Pit ». . Le meilleur de tout est «Moovies», un retour irrésistible des années 90 qui évoque la joie d'un bon rendez-vous (et d'un film d'horreur décent) : « Larry / M'a emmené voir quelque chose d'effrayant / Peut-être que nous pourrons nous marier. »

Ludique et sincère, mature mais enfantin, léger comme une plume et parfois lourd, ce disque assuré voit Whack réussir un numéro d'équilibriste à la Jenga. Elle continue de jouer à des jeux, mais elle le fait désormais pour révéler des vérités universelles sur la douleur qui peut coexister avec le bonheur quotidien. « World Wide Whack » est son puzzle le plus convaincant à ce jour.

Détails

  • Date de sortie: 15 mars
  • Maison de disque: Enregistrements Interscope