des récits intenses à la première personne alimentent un manège à sensations fortes

Perdant peu de temps à suivre « Cavalcade », défiant les pigeonniers de l’année dernière, Black Midi de Londres est de retour avec un troisième album tout aussi bourré d’idées à peine 14 mois plus tard. Prenant la moitié de ce temps à écrire et à enregistrer, les 10 titres de « Hellfire » présentent la preuve la plus convaincante à ce jour que le groupe expérimental de trois musiciens est en bonne voie d’être reconnu comme l’un des groupes les plus inventifs de sa génération.

S’écartant du jazz énergique, du post-punk trouble et du psychédélisme rêveur et opiacé, les fondations musicales en constante évolution de « Hellfire » sont aussi instables que les monologues frénétiques du leader Geordie Greep. Ces récits fragmentés à la première personne montrent le chanteur/guitariste de 22 ans de Black Midi habitant l’espace libre d’un soldat en état d’ébriété et traumatisé en congé à terre (« Welcome To Hell »), un meurtrier déséquilibré traquant sa proie (« Dangerous Liaisons ») et Freddie Frost, crachant des questions et vivant dans un sarcophage, dans « 27 Questions » plus proche. Avec son caractère vocal oscillant entre celui d’un numéro de salon qui claque des doigts et celui d’un prédicateur dérangé et presque hystérique dans la veine de David Byrne, Greep est devenu une figure centrale captivante.

Aux éruptions lyriques souvent maniaques de Greep se juxtaposent les coupes dirigées par le co-chanteur et bassiste Cameron Picton – à savoir le magnifique « Still » et le tendu « Eat Men Eat » – qui servent d’îlots de sérénité souvent douce. Présagé par l’ouverture du chaos désordonné de la chanson titre, « Sugar/Tzu » est une habile distillation des forces du groupe. Passant d’une placidité apaisante et enduite de saxo à une plongée dans la mort frénétique axée sur le riff, Greep nous entraîne dans un tournoi de boxe quasi futuriste qui mène à un meurtre occasionnel.

Le ton troublant établi, le premier single « Welcome To Hell » dépeint les sens débordés d’un ex-soldat souffrant de SSPT alors qu’il erre dans les rues criardes de « Ville nocturne”. Encadré par un déluge de riffs loufoques et négligés et une salve de rythmes troublés, le monstre bourré d’action est peut-être l’écoute la plus captivante de « Hellfire ».

Un groupe aussi souple stylistiquement que Black Midi aurait du mal sans une paire de mains sûre derrière le kit, et le batteur Morgan Simpson est sans aucun doute l’une des armes centrales du groupe. Autrefois récipiendaire du prix du jeune batteur de l’année à 16 ans en 2014, les prouesses sans effort de Simpson en matière de rythme sont le moteur qui permet au groupe de passer facilement d’un style à l’autre. Le casse-cou « La course est sur le point de commencer » en est un exemple délicieux : Simpson se lâche ici avec quelques furieux coups de maths-rock, avant de se resserrer dans une construction majestueuse de fanfare.

Appelez-le avant-gardiste si vous voulez (et il est certain que certains trouveront les changements de vitesse fréquents de l’album trop lourds à supporter), mais écouter « Hellfire » offre plus de frissons musicaux et de volte-face par minute que peu d’autres disques que nous avons ‘ai entendu cette année. Semblant plus assuré de leur agilité créative que jamais auparavant, « Hellfire » est l’œuvre d’un groupe très spécial d’alchimistes.

Détails

  • Date de sortie: 15 juillet
  • Maison de disque: Registres du commerce brut