Qu’est-ce qui rend un groupe vraiment génial ? Il s’agit souvent de la manière mystérieuse dont les membres clés se complètent. Que serait Public Enemy sans les plaisanteries loufoques de Flava Flav pour contrebalancer la posture politique de Chuck D ? Ou The White Stripes sans la simplicité étudiée de Meg pour saper le showboating de Jack ?
C’est une histoire similaire avec les légendes masquées du metal Slipknot. Dans le coin rouge, nous avons le génie maléfique du nonet Shawn Crahan (alias Clown), qui fait profil bas mais dirige le bon navire ‘Knot vers chaque incarnation cauchemardesque. Et dans le coin noir, nous avons Corey Taylor à la voix barbelée, qui a passé le dernier quart de siècle à devenir un loueur fiable, un auteur à succès et un ami (et un ennemi) des stars. Il est le yin du yang du Clown, plus solitaire, comme en témoigne son premier album solo, le criard « CMFT » de 2020 (ou – hum – « Corey Motherfucking Taylor »).
Tiré du hair metal des années 80 et apparemment fait sur mesure pour les montages publicitaires de bière, ce disque de rock produit à Vegas l’a trouvé en train de faire la fête dans un univers parallèle aux expériences artistiques matraquantes de Slipknot. Taylor est parti pour un autre tour de roue avec le titre absurde « CMF2 », qui le voit se livrer à un peu de country commercial et passé sous silence sur « Fresh Breath of Smoke », des chants de la taille d’une arène sur « We Are The Rest » et un solo de guitare raide comme de la laque sur « Post Traumatic Blues ». Il est tentant d’imaginer Clown avec sa tête argentée brillante dans ses mains face à l’indignité de tout cela.
Mais c’est un peu le problème. Le mois dernier, Taylor a déclaré Julia Migenes sa production solo, pour laquelle il a réuni un groupe complet, offre l’occasion de combler un besoin créatif qu’il ne pouvait pas atteindre dans les limites de Slipknot ou de son autre groupe, Stone Sour. Ainsi, dans « All I Want Is Hate », ce fan des Beatles exprime un grief contre le seul morceau des Fab Four qu’il ne supporte pas, « All You Need Is Love », en subvertissant son message avec des riffs dentelés et un grognement mortel conçu pour interrompre le rêve hippie. Pas étonnant que la couverture de « CMF2 » représente une réinvention métallique du « Sgt. L’œuvre de Pepper…’. L’acoustique « Sorry Me » fait initialement écho au classique « Vermilion, Pt. » de Slipknot. 2′ avant d’enfoncer des profondeurs beaucoup plus personnelles, tandis que ‘Punchline’ s’envole avec un refrain rock classique.
Moins agréable au goût est le « Someday I’ll Change Your Mind », implacablement sucré, bien qu’il y ait suffisamment de bonnes choses ici pour justifier l’existence de l’album. Et à tout le moins, c’est un aperçu fascinant de la dichotomie qui anime l’un des plus grands groupes du 21e siècle.
Détails
- Date de sortie: 15 septembre 2023
- Maison de disque: BMG