Le « visage de digicore» – Ericdoa, producteur de 21 ans – a été créé par et pour Internet : un e-boy incubé par les communautés de producteurs en ligne de glitchpop et de digicore. Comme ses pairs (dont les collaborateurs Glaive et Daine), l’artiste né Eric Lopez est un maître du genre de métier, mêlant emo angoissé, hyperpop courageux et trap suave, oscillant contre l’ésotérique et l’irrévérencieux sans jamais perdre sa viralité. C’est Post Malone en pleine ruée vers le sucre.
Un peu comme l’hyperpop iconoclaste, sa ramification digicore favorise une production abrasive et une superstar pop ironique. Les plus grands USP d’Ericdoa, signé par Interscope, sont ses liens avec la communauté et l’industrie du jeu vidéo : l’artiste collaborateur de Riot Games, résidant sur Discord et diffusant sur Twitch, propose une vision de l’art inadapté dans sa forme la plus numériquement native. C’est un nouveau multi-trait, un producteur underground qui retravaille le tissu de la célébrité pop.
« DOA » – la suite de « Things With Wings » de 2022 – n’est pas moins rebelle sur le plan sonore que son morceau précédent, mais est étonnamment plus ancré. L’ouverture de « The Cake Is A Lie » commence avec un Eric essoufflé au sommet des sirènes de police, comme s’il sprintait pour échapper à l’autorité. Il semble que tous les yeux soient rivés sur lui (même les réussites de TikTok, PinkPantheress et Addison Rae sont fans notables), il aspire à une liberté créative au-delà des limites de son bureau d’ordinateur.
Dans un sens, il défie ses racines : bien que « DOA » reste à gauche du champ, il efface une grande partie de son emportement glitch de base, saturant plutôt des paysages sonores analogiques. Seuls quelques morceaux – tous les moments forts de l’album, bien sûr – restent proches de l’hyperpop : le ‘Lastjune’ 100 gecs, le synthé déchirant ‘Imcoolimgoodimstraight’ et le percutant ‘Crisis Actor’. En effet, son hédonisme numérique passe à côté, mais pas toujours à son détriment. Une certaine marge de manœuvre permet au jazz élévateur de « Kickstand », au shoegaze mélancolique de « Dancinwithsomebawdy » et au pop-rock de « Arm And A Leg » de briller.
On a le sentiment qu’à travers « DOA », Ericdoa cherche à réaffirmer son engagement envers la liberté musicale au cœur du mouvement digicore. En défiant les attentes, « DOA » est une réaffirmation de soi qui redéfinit les limites de son abandon inconsidéré – ou « un déclin de l’immaturité », comme il l’a dit dans les documents de presse accompagnant cette mixtape. Ericdoa réduit le « DOA » de quelques crans sans sacrifier la vision.
Détails
- Date de sortie: 15 janvier
- Maison de disque: Interscope