The View – Revue ‘Exorcism Of Youth’ : moins tapageuse et intelligemment polie

Si les snipes pétulants de Royal Blood au public pop indifférent du Big Weekend de Radio 1 à Dundee n’ont pas servi à rappeler à la nation ce qu’était la « musique rock », les héros locaux The View sont allés plus loin. Comme leurs ancêtres indie rock et leurs ancêtres punk avant eux, ils ont fait savoir au monde qu’ils s’étaient reformés après une interruption de cinq ans et qu’ils avaient un nouveau sixième album en route en ayant un bon coup de poing à l’ancienne sur scène à un salle de toilettes à Manchester. « Une crise fraternelle qui est allée trop loin », ont-ils expliqué, à la manière d’une page de potins indépendants séculaire, et tandis que Twitter (rappelez-vous cela?) Agrippait ses perles numériques avec indignation, les rockers sordides de 2006 se sont accroupis pour un bon vieux Une bagarre sur disque à la « Wasted Little DJs ».

Ce que ‘Exorcism Of Youth’ n’est sans doute pas. Comme le titre l’indique, le quatuor Dundee est arrivé dans le studio du producteur Youth à Grenade, en Espagne, prêt à se débarrasser de son rauque formateur et à s’aligner sur le rock indé contemporain plus réussi et plus raffiné de The Lathums, The Snuts et d’autres groupes similaires que les humains semblent génétiquement incapables d’apprécier tout au sud de la M6. La chanson titre et le premier single « Feels Like » introduisent l’album dans un tel mode anthémique : top down, sunnies out, XFM on, accélérant la Propaganda la plus proche. Avec des guitares réglées sur saut en parachute, tambours à Coucher de soleil et des claviers pour Côté lumineuxc’est un truc qui affirme la vie, même si « Feels Like » suggère que la tendance du chanteur Kyle Falconer à l’angoisse du centre-ville a survécu jusqu’à la trentaine. « Je vis un cauchemar, pas un rêve »chante-t-il, détaillant les malheurs très publics d’être le cocu de la ville comme si c’était quelque chose à crier sur les toits.

À partir de là, le disque pourrait facilement se glisser dans le sillon indie de la liste de lecture : chagrin d’amour torse nu, refrains pour élever les épaules des copines, créneaux de festival en milieu d’après-midi, bosh. En effet, The Strokes crépitent sur ‘The Wonder Of It All’ et ‘Woman Of The Year’ (« J’en ai fini avec les drogues parce qu’elles me détruisent les os… m’aimeras-tu encore quand je serai clean ? ») est rassurant et compulsif, mais ne fera qu’ajouter à la spéculation selon laquelle la musique de guitare traditionnelle s’est retrouvée prise dans une boucle de rétroaction inévitable vers 2008. Heureusement, « Exorcism… » a de l’ambition dans sa manche. « Arctic Sun » réutilise une bobine celtique à des fins glam punk. ‘Shovel In His Hands’ prend un ton de carnaval sombre, incitant l’auditeur à danser avec le diable sur son groove rock insidieux et morbide. Et dans sa seconde moitié, l’album dépasse les conventions du rock indépendant moderne par-dessus bord.

« Allergic To Mornings » pourrait presque être une production de Jeff Lynne, avec ses largesses idylliques à la Beatle ; ‘Neon Lights’ pur synthpunk rampant. ‘Footprints In The Sand’ s’aventure dans l’electro goth cosmique, tandis que ‘Tangled’ semble avoir pris de sérieux hallucinogènes en écoutant ‘…But Seriously’ de Phil Collins. Il y a des morceaux électropop des années 80 (« Dixie ») et des showstoppers Coldplay parsemés de confettis (« Black Mirror ») – et d’agréables en plus – mais ce qui ressemblait au début à une réapplication cap-in-hand au rock indépendant la fraternité se termine par un coup mineur, restructurant ses constitutions fatiguées et montrant toutes sortes de moyens de sortir de l’ornière. La Vue, à sa manière, a toujours une vision.

Détails

  • Date de sortie: 18 août 2023
  • Maison de disque: Vinyle de cuisine