La fiabilité est la clé de la marque Anne-Marie. Avec son premier album de 2018 « Speak Your Mind » et son suivi « Therapy », l’artiste élevée dans l’Essex (née Anne-Marie Nicholson) s’est positionnée comme une porte-parole de l’acceptation de soi, passant de la bravade à des aveux durs. pop franche. Il y a une doublure argentée dans chaque relation qui tourne mal, nous disait-elle souvent sur des rythmes house-lite tropicaux, s’installant dans une zone de confort de chansons qui domineraient la diffusion à la radio et les listes de lecture H&M pour les années à venir.
Sur son troisième long métrage « Unhealthy », le regard de la chanteuse se tourne vers l’intérieur, alors qu’elle trace deux relations successives au sommet d’une production percutante. Lyriquement, cependant, chaque révélation personnelle est presque toujours suivie d’une résolution immédiate : « Tout le monde est tellement déprimé ici / j’en ai marre » elle chante sur ‘Sad Bitch’; « Mes yeux rouges, ils s’écarquillent deux fois / Cela peut ressembler à de la douleur mais pour moi c’est le bonheur», ainsi va la chanson titre de Shania Twain.
La plupart des chansons sont également éphémères dans leur durée : avec la majorité à un peu plus de deux minutes, il est facile de supposer qu’elles ont été courtes afin de bénéficier de la playlist. Après son hit « 2002 », Anne-Marie a rapidement cumulé plus d’un milliard de streams au début de sa carrière, c’est donc une formule compréhensible et avisée – bien que frustrante.
Ailleurs, certains des points de référence d’Anne-Marie semblent opportunistes plutôt que vraiment vécus. La mélodie de la collaboration d’Aitch « Psycho » s’élève effrontément de « Mambo No.5 », suivant un schéma plus large de pop stars faisant référence à des tubes explosifs des années 90. Rita Ora a récemment proposé une recréation fidèle de « Praise You » de Fatboy Slim, tandis qu’Anne-Marie s’est révélée être une délinquante en série, s’étant associée à Coi Leray et David Guetta pour recycler le crochet de « What Is Love? » de Haddaway. sur le single non-album ‘Baby Don’t Hurt Me’.
Que cette interpolation soit un stratagème délibéré et effronté ou un gadget d’Anne-Marie est à débattre : dans tous les cas, cela donne immédiatement à « Psycho » une date d’expiration. De même, elle retourne Olivier‘I’d Do Anything’ dans un chœur d’impertinents parlants sur ‘Obsessed’; la chanson est à la fois clignante et non, légère mais aussi pleine de tacots lyriques comme « Je ferai n’importe quoi pour toi / Aller à Tombouctou. »
L’objectif d’Anne-Marie de faire de la pop qui représente les sentiments les plus intimes et les plus sombres est admirable mais pas toujours efficace. On ne sait pas exactement à quel message elle aspire : ces 13 morceaux ont des thèmes vaguement puissants, mais sont souvent éclipsés par des prises hyperboliques sur la vengeance (« Grudge », « Haunt You ») – à la Mimi Webb, le récent tube anti-incendie criminel « House On Fire’ – sans beaucoup, le cas échéant, de récompense émotionnelle.
« Irish Goodbye », quant à lui, accomplit ce qu’Anne-Marie voulait apparemment pour « Unhealthy ». Construit autour de textures moelleuses et de cordes de type Disney, il y a quelque chose de immédiatement onirique dans le morceau, alors qu’elle exprime le désir d’un moment de plus avec un futur ex. Il se distingue comme un véritable point culminant brillant au milieu d’une charge en grande partie glacée.
Détails
- Date de sortie: 28 juillet
- Maison de disque: Asile/Atlantique
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